Les rois contre les peuples
En 1814-1815, après la victoire sur Napoléon, les cours européennes
ont organisé le
Congrès de
Vienne. Il s'agissait pour elles de consolider leur triomphe et
d'éviter que la Révolution ne continue ou ne recommence, en France
ou ailleurs. L'expression qui a le mieux caractérisé le Congrès de
Vienne est
les rois contre les peuples
Il y a des similitudes avec la situation d'aujourd'hui. À l'échelle
de la planète, cette fois. Voici par exemple un extrait du
communiqué publié par l'OCDE le 13 juin à propos des politiques de
l'emploi :
L'OCDE observe que, parmi les tâches les plus ardues
pour les gouvernements, il y a la difficulté d'obtenir l'adhésion
de l'opinion publique à certaines réformes indispensables et la
difficulté de la mise en œuvre.
Mais ce ne doit pas être une excuse pour ne rien
faire.
Les « réformes indispensables » dont il est question sont bien
sûr
- une flexibilisation accrue du marché du travail,
- la pression à la baisse sur les salaires
- les privatisations
- le renforcement de la concurrence
Autrement dit, une Restauration¹ des prérogatives des détenteurs de
capitaux.
Or ces derniers sont justement ceux qui ont le plus
intérêt à ce que le chômage persiste. C'est la garantie que
les salaires n'augmenteront pas.
Le Secrétaire Général de l'OCDE, ne manque pas d'humour. Il a
déclaré
Faire en sorte que les gens qui souhaitent travailler
accèdent à l'emploi est l'un des grands enjeux auxquels sont
confrontés de nombreux gouvernements de l'OCDE. Les systèmes qui
excluent les gens de l'emploi sont injustes et doivent être
revus.
La seconde phrase est digne de Talleyrand : dénoncer l'injustice
que subissent les chômeurs pour mieux faire perdurer cette
injustice, c'est vraiment du grand art.
¹)
Non pas que ces prérogatives aient jamais disparu parmi
les pays fondateurs et dirigeants de l'OCDE, mais elles ont dû être
rognées sur les bords pendant la période 1945-1980.