Une leçon de luttes des classes
J'en suis presque admiratif... Pas un responsable du MEDEF ou de
l'UIMM, pas un membre d'une de ces deux organisations pour émettre
une note discordante depuis le début de l'affaire
Gautier-Sauvagnac. Une communication si parfaitement maîtrisée de
la part d'organisations installées dans chaque département et
forcément traversées par des antagonismes relève du tour de force.
Je suis prêt à parier que l'UIMM et le MEDEF étaient préparés aux
révélations du Figaro.
Espérons que le camp d'en face (le mien) en prendra de la graine.
Je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas m'empêcher de comparer
l'attitude du patronat dans cette affaire avec celle des gugusses
qui sautaient sur place en scandant « grève générale » et
qui se rengorgeaient d'avoir fait siffler Thibault en plein
mouvement contre la loi Fillon.
Du coup, on aura dû attendre ce soir pour avoir un début
d'explication sur la caisse noire grâce à l'article «
Le comité d'entraide de l'UIMM » de Pierre-Henri de
Menthon publiés sur le site de Challenges. Rien ne prouve
d'ailleurs que l'auteur n'ait pas l'aval des organisations
patronales.
On y apprend que la caisse noire aurait été mise en place...
... dans les années 1960 par quelques entreprises
désireuses de mutualiser leur risque social sur la base du
volontariat. L'idée est qu'un patron confronté à une grève puisse
aller piocher quelques subsides pour régler son
problème.
Reste à savoir quelles sont ces entreprises, comme le dit
l'article.
Est-ce que ça ne commence pas à ressembler à l'hypothèse de la
« ristourne » que
j'avançais samedi dernier ?
Le patron (en fait l'entreprise) alimenterait la caisse noire en
versant de l'argent à l'UIMM. Cet argent sortirait des comptes en
tant que cotisation syndicale. Ensuite il (le patron, pas les
comptes de l'entreprise) récupèrerait cet argent
en
liquide. Sans que les éventuels curieux, à commencer par le
fisc, puissent y voir goutte. Alléchant non ? J'entends déjà les
groupies (non rémunérées en liquide) du patronat s'indigner qu'on
prête un seul instant à leurs héros si vertueux le noir dessein de
chercher à frauder le fisc.
Si cette l'hypothèse était vérifiée, on peut aller plus loin et
imaginer qu'un tel arrangement entre amis aurait aussi pour
fonction de « lubrifier les rapports », non pas avec les
syndicats (pourquoi attendre une grève pour profiter d'un système
si pratique ?), mais
plutôt à l'intérieur de
l'organisation.