octobre 2007 Archives

dimanche 28 octobre 2007 21:09

« Allons au plus pressé, allons au plus vite ! »



Qu'arrive-t-il à notre bon Monsieur Balladur ?

Je cite l'article du Monde :

(Reuters) - Edouard Balladur a estimé dimanche que la ratification du traité simplifié européen était prioritaire sur l'adoption de la réforme institutionnelle, qui pourrait être reportée à après les élections municipales. "Allons au plus pressé, allons au plus vite. Faisons en sorte que la France soit la première, ou dans les premiers, pour ratifier ce traité pour reprendre un rôle important en Europe, rôle qu'elle a perdu. Il y a un intérêt national pour ça", a déclaré sur Europe 1 l'ancien Premier ministre qui doit remettre son rapport sur la réforme des institutions de la Ve République ....


Pourquoi est-il aussi urgent de faire adopter par les députés le traité constitutionnel européen que les français ont rejeté en 2005 ?

Ça ne peut pas attendre un peu ? Décidemment ces gens-là ont peur de la rue.

En attendant, pour ceux qui veulent réagir et informer leur entourage, voici un diaporama à faire suivre à vos correspondants. Ne les laissons pas nous faire un enfant dans le dos.

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samedi 27 octobre 2007 21:00

Opération CV à l'Élysée



Selon le site de France 2 :

Une délégation composée de quatre parlementaires communistes - les députés Alain Bocquet et Jean-Jacques Candelier, les sénateurs Michelle Demessine et Jean-Claude Danglot - ainsi que six chômeurs ont été reçus à l'Elysée par un conseiller.


Cette délégation apportait 4000 CV.

Les marcheurs, qui avaient réunis des milliers de CV, partis de Lille mercredi ont ensuite rejoint 5.000 manifestants rassemblés à l'initiative du PCF devant le symbolique métro Jaurès, pour "riposter" à la politique sarkozyste.


Ajout du 29 octobre. La video de la manif et les interventions d'Alain Bocquet et Marie-George Buffet :


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jeudi 11 octobre 2007 23:06

Une leçon de luttes des classes



J'en suis presque admiratif... Pas un responsable du MEDEF ou de l'UIMM, pas un membre d'une de ces deux organisations pour émettre une note discordante depuis le début de l'affaire Gautier-Sauvagnac. Une communication si parfaitement maîtrisée de la part d'organisations installées dans chaque département et forcément traversées par des antagonismes relève du tour de force. Je suis prêt à parier que l'UIMM et le MEDEF étaient préparés aux révélations du Figaro.

Espérons que le camp d'en face (le mien) en prendra de la graine. Je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas m'empêcher de comparer l'attitude du patronat dans cette affaire avec celle des gugusses qui sautaient sur place en scandant « grève générale » et qui se rengorgeaient d'avoir fait siffler Thibault en plein mouvement contre la loi Fillon.

Du coup, on aura dû attendre ce soir pour avoir un début d'explication sur la caisse noire grâce à l'article « Le comité d'entraide de l'UIMM » de Pierre-Henri de Menthon publiés sur le site de Challenges. Rien ne prouve d'ailleurs que l'auteur n'ait pas l'aval des organisations patronales.

On y apprend que la caisse noire aurait été mise en place...

... dans les années 1960 par quelques entreprises désireuses de mutualiser leur risque social sur la base du volontariat. L'idée est qu'un patron confronté à une grève puisse aller piocher quelques subsides pour régler son problème.


Reste à savoir quelles sont ces entreprises, comme le dit l'article.

Est-ce que ça ne commence pas à ressembler à l'hypothèse de la « ristourne » que j'avançais samedi dernier ?

Le patron (en fait l'entreprise) alimenterait la caisse noire en versant de l'argent à l'UIMM. Cet argent sortirait des comptes en tant que cotisation syndicale. Ensuite il (le patron, pas les comptes de l'entreprise) récupèrerait cet argent en liquide. Sans que les éventuels curieux, à commencer par le fisc, puissent y voir goutte. Alléchant non ? J'entends déjà les groupies (non rémunérées en liquide) du patronat s'indigner qu'on prête un seul instant à leurs héros si vertueux le noir dessein de chercher à frauder le fisc.

Si cette l'hypothèse était vérifiée, on peut aller plus loin et imaginer qu'un tel arrangement entre amis aurait aussi pour fonction de « lubrifier les rapports », non pas avec les syndicats (pourquoi attendre une grève pour profiter d'un système si pratique ?), mais plutôt à l'intérieur de l'organisation.

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dimanche 07 octobre 2007 18:49

UIMM, Occident et Giscard ?



Le JDD vient de mettre en ligne une interview d'Yves Bertrand à l'occasion de la sortie de son livre "Je ne sais rien mais je dirai (presque) tout.

"Seuls quelques naïfs croient encore que Giscard a pu mener campagne, en 1974, avec les maigres moyens humains des Républicains indépendants: sa logistique, son service d'ordre, ce sont les 'petits gars' d'Ordre nouveau [...] qui les ont assurés, grâce aux enveloppes en liquide de l'Union des industries métallurgiques et minières, la fameuse UIMM, dont la gauche ne s'est jamais privée de rappeler qu'elle descendait de l'ancien Comité des forges, le bastion des 200 familles..."


Faut-il croire Yves Bertrand ? Les « petits gars » en question ont fait du chemin depuis et font aujourd'hui partie de la garde rapprochée du nouveau président. Or cet ancien directeur des RG ne parle pas au hasard. C'est quand même curieux qu'il évoque ce point d'histoire parmi d'autres juste au moment des ennuis de Gautier-Sauvagnac.

Écouté tout à l'heure la video sur la page d'accueil du site du Medef. Une expression revient souvent dans la bouche de Laurence Parisot : changement d'époque. Sans doute la clé de cette affaire. Les patrons veulent rompre avec certaines de leurs vieilles habitudes. Le vieux Karl suivrait sans doute tout cela avec énormément d'intérêt.

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samedi 06 octobre 2007 21:36

Les oeuvres de l'UIMM



De tous les articles publiés sur l'affaire des retraits en liquide à L'UIMM, celui publié dans Challenges par Sabine Syfuss Arnaud me semble le plus sérieux.

Morceau choisi :

La caisse noire du patronat ? Un ancien ministre de l'Economie confie à Challenges «en avoir entendu parler». A Bercy, on évoque même une tradition en vigueur depuis... 1860. «La caisse existe depuis 1884, cela passe par le système bancaire depuis 1947», rectifie un bon connaisseur des arcanes de l'UIMM.


Pour la plupart des journaux, la piste du financement syndical est privilégiée. Possible, mais je ne vois pas ce qui exclut d'autres pistes, y compris le financement de certaines carrières politiques.

De toutes façons, ne s'intéresser qu'à ces retraits en liquides, c'est certainement oublier l'essentiel. L'UIMM et le MEDEF, qui ne représentent qu'une infime minorité de la société française, comptent beaucoup d'amis. Des universitaires, des hommes politiques bien sûr, mais surtout des journalistes n'hésitent pas à se mettre à leur service, en toute transparence. Et sans qu'il y ait besoin de leur verser de l'argent en liquide. J'en profite pour faire la pub ici d'un (probablement) excellent livre (je ne l'ai pas lu, mais je le lirais aujourd'hui avec intérêt) publié en 2001 par un excellent donneur de leçons.

Pour en revenir à l'argent liquide et à d'éventuels versements à des organisations syndicales, on ne peut bien sûr pas l'exclure. J'ai toutefois un peu de mal à imaginer ce qu'un tel système impliquerait en interne au sein de l'UIMM. Bien qu'il soit évident que cette aimable organisation n'ait jamais renié (elle) le centralisme même antidémocratique, les versements, s'il y a eu versements, ne pourraient pas être à l'initiative d'une seule personne. Combien de personnes participeraient à la décision ? Qui trancherait en cas de désaccord ? Qui rendrait des comptes à qui sur cet argent ?

Les cotisants de l'UIMM, au moins les plus importants d'entre eux parmi lesquels des industriels de l'armement, ne pourraient qu'être au courant. Ils auraient accepté que _leur_ argent (c'est ainsi qu'ils appellent ce qui sort de _leur_ entreprise) s'évapore sans laisser de trace ?

C'est quand même beaucoup plus efficace de négocier avec une organisation syndicale une place dans dans le conseil d'administration d'un organisme de formation sous contrôle, et ils ne manquent pas, ou d'un organisme social que de lui remettre du liquide. Même si on ne peut exclure que ça puisse arriver ici ou là.

Bien sûr, des syndicats jaunes ont existé. Des milices patronales aussi. En général très proches de l'extrème-droite. Mais les patrons ont-ils encore besoin de ça aujourd'hui ?

Et s'il existait (supposition totalement gratuite, mais la question mérite à mon avis d'être posée) un système de ristournes ? L'argent sortirait de l'entreprise en tant que cotisation, voire de surcotisation, parmi les frais généraux, puis « I want my money back ». Une partie reviendrait sous forme d'argent liquide au dirigeant. L'intérêt d'un tel système semble suffisamment évident pour que je n'aie pas besoin de le détailler. En tout cas, ce qui rentre dans les comptes de l'UIMM a sans doute autant d'intérêt que ce qui en sort. Quels sont les rapports, par exemple entre le groupe EADS et l'UIMM ? Le premier, bien que groupe européen, cotise-t-il à la seconde ? Même si ce n'était pas le cas, il y a forcément des liens. Ne serait-ce que par les filiales. Le président de la DCN, lui, est au bureau de l'UIMM. Son groupe devait l'année dernière fusionner avec Thalès, autre adhérent. Espérons que le secret-défense, qui a bien servi dans l'affaire des frégates, n'ira pas jusqu'à empêcher la publication des comptes de l'UIMM.

Pour en revenir à Challenges, il faut absolument lire aussi l'éditorial de Denis Kessler.

Il y expose sans détour que le temps est venu d'en finir avec ce qui a été mis en place conjointement par les gaullistes et les communistes à la Libération : la Sécurité Sociale et le statut de la fonction publique. Rappelons pour mémoire qu'à l'époque les organisations patronales tenaient moins le haut du pavé qu'aujourd'hui et qu'elle n'ont pas eu vraiment voix au chapître au moment de ces deux avancées décisives pour les salariés. Kessler explique, entre autres, la contribution des chars russes à ces deux avancées.

Voici sa conclusion :

Il aura fallu attendre la chute du mur de Berlin, la quasi-disparition du parti communiste, la relégation de la CGT dans quelques places fortes, l'essoufflement asthmatique du Parti socialiste comme conditions nécessaires pour que l'on puisse envisager l'aggiornamento qui s'annonce. Mais cela ne suffisait pas. Il fallait aussi que le débat interne au sein du monde gaulliste soit tranché, et que ceux qui croyaient pouvoir continuer à rafistoler sans cesse un modèle usé, devenu inadapté, laissent place à une nouvelle génération d'entrepreneurs politiques et sociaux. Désavouer les pères fondateurs n'est pas un problème qu'en psychanalyse.


Contrairement à ce que beaucoup croient, Kessler n'a pas forcément retourné sa veste en passant du gauchisme au monde des affaires. Ses bêtes noires sont toujours les mêmes.

On n'a pas de mal à supposer qu'aussitôt après la Libération, l'UIMM et d'autres institutions patronales aient pu constituer un trésor de guerre au cas où. Des habitudes auraient été prises, des circuits financiers mis en place, qui auraient pu perdurer puis servir à autre chose quand les temps furent devenus plus doux pour ces messieurs.

Sur le syndicalisme patronal en France de 1890 à 1986 on peut lire cet article de Sybille Gollac.

Sur la mise en place des mutuelles patronales anti-grèves, voir ceci. Le système paraît tout de même mieux rodé que des valises de billets.

Enfin, à propos de gauchisme, comment font donc les trotskystes pour se payer trois candidatures aux présidentielles ?

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