Révision à la hausse du nombre de décès dûs à la
canicule 2003
Le 22 mars dernier, l'Inserm publiait un
communiqué chiffrant à 19.490, et non plus à 15.000 le nombre
de personnes décédées à cause de la canicule de 2003.
Pour se remémorer le contexte de l'époque, il n'est pas inutile de
relire le
rapport
parlementaire sur cette catastrophe sanitaire.
Extraits de la
section concernant les Services Départementaux d'Incendie et de
Secours (SDIS) :
Le cabinet du ministre de l'intérieur était concerné
par les événements à double titre : d'une part, en raison de la
tutelle que le ministre exerce sur les services de sécurité civile
- au premier rang desquels figurent les sapeurs-pompiers de Paris -
et d'autre part, à cause de ses compétences en matière de
réglementation des inhumations.
Lors de son audition, M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur,
de la sécurité intérieure et des libertés locales, a apporté la
précision suivante : « On peut distinguer, du point de vue de mon
ministère, deux périodes : celle du début du mois d'août jusqu'au
12, durant laquelle la crise sanitaire n'a pas été mesurée, puis, à
compter du 12 août, une période durant laquelle les difficultés
funéraires ont permis de prendre conscience de l'ampleur de la
crise sanitaire. »
La suite nous éclaire sur la gestion de la crise du côté de la
préfecture de Police et du ministère de l'Intérieur :
Dans le premier cas, les informations dont disposait le
cabinet dépendaient étroitement des remontées d'informations des
préfectures et du COGIC. Or, sur ce point, le préfet de police de
Paris, l'un des préfets les plus concernés, a été parfaitement
clair : « Le préfet de police - son directeur de cabinet en son
absence - a un rendez-vous quotidien avec le ministre de
l'intérieur ou son directeur de cabinet, vers 19 heures. Pendant la
période du 8 au 12 août, j'étais remplacé par mon directeur de
cabinet. C'est la raison pour laquelle vous avez le rapport de M.
Michel Lalande, qui est mon directeur de cabinet. Le directeur de
cabinet du ministre de l'intérieur était également absent du 8 au
12 août. Pendant cette période, mon collaborateur, Michel Lalande,
effectuant mon intérim, se rendait tous les soirs chez le directeur
adjoint du cabinet du ministre de l'intérieur, qui est M. Canepa.
Tous les soirs, se tenait donc la réunion habituelle. (...) Je suis
sincère en vous disant que jusqu'au 12 août, mon collaborateur m'a
expliqué des choses tout à fait simples - de la même manière qu'il
a dû le faire auprès de M. Canepa -, à savoir que l'on allait
renforcer le dispositif d'intervention en raison de l'augmentation
des malaises et faire appel à la Croix-Rouge. ». Ce n'est donc que
le 12 août que le cabinet du ministre a eu connaissance d'éléments
inquiétants. S'agissant de la gestion des corps des victimes, le
cabinet du ministre a entrepris des démarches dès le 11 août pour
évaluer les capacités de l'institut médico-légal de Paris, puis, le
13 août, instruction a été donnée aux préfets des départements de
transmettre le nombre de décès recensés quotidiennement depuis fin
juillet, avec des éléments de comparaison par rapport à l'année
antérieure. Le 14 août, des dispositions étaient prises pour
faciliter les inhumations et une nouvelle instruction était donnée
aux préfectures pour indiquer au Gouvernement les établissements de
leurs départements susceptibles de déclencher les plans blancs. Au
total, le cabinet du ministre de l'intérieur s'est montré réactif
mais, à l'instar des autres cabinets, dépendant des informations
que les administrations étaient supposées lui fournir.
Pour mémoire, voici l'évolution du nombre d'interventions des
sapeurs pompiers de Paris en août 2003 :
EVOLUTION DU NOMBRE D'INTERVENTIONS
DES SAPEURS POMPIERS DE PARIS
EN FAVEUR DE VICTIMES SUR LA VOIE PUBLIQUE
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| |Assistances à personnes|Secours à victimes|
|__________________|_______________________|__________________|
|Vendredi 1er août |37 |688 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Samedi 2 août |53 |613 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Dimanche 3 août |42 |597 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Lundi 4 août |38 |709 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Mardi 5 août |77 |743 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Mercredi 6 août |71 |820 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Jeudi 7 août |87 |917 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Vendredi 8 août |70 |1 000 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Samedi 9 août |73 |899 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Dimanche 10 août |72 |863 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Lundi 11 août |81 |1 324 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Mardi 12 août |93 |1 644 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Mercredi 13 août |92 |1 366 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Jeudi 14 août |59 |878 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Vendredi 15 août |45 |634 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Samedi 16 août |70 |642 |
|__________________|_______________________|__________________|
|Dimanche 17 août |50 |582 |
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Source : rapports quotidiens de la brigade des sapeurs pompiers de Paris.
Suite du rapport :
L'audition conjointe de ce général et du commandant
Jacques Kerdoncuff, ancien officier de presse de la brigade, a
permis à la commission d'acquérir la conviction que les
sapeurs-pompiers parisiens prennent alors conscience du caractère
anormal de la situation. Mais leurs signaux d'alarme, susceptibles
d'éveiller l'attention des populations, ne seront pas exploités par
les autorités en charge de la sécurité civile. Considérant que la
brigade de sapeurs-pompiers de Paris n'a pas la mission ni les
moyens de recenser avec fiabilité et de manière exhaustive les
décès par hyperthermie, le chef de cabinet du préfet de police
donnera pour consigne, le 8 août, à l'issue de deux appels
téléphoniques passés à 17 heures 53 et 18 heures 07, d'« éviter une
dramatisation inutile de la situation en évoquant directement un
nombre incertain de 7 morts » et de « poursuivre, compte tenu du
risque, et de manière répétée, le maximum de conseils de prévention
»