mai 05, 2007 Archives

samedi 05 mai 2007 13:08

Révision à la hausse du nombre de décès dûs à la canicule 2003



Le 22 mars dernier, l'Inserm publiait un communiqué chiffrant à 19.490, et non plus à 15.000 le nombre de personnes décédées à cause de la canicule de 2003.

Pour se remémorer le contexte de l'époque, il n'est pas inutile de relire le rapport parlementaire sur cette catastrophe sanitaire.

Extraits de la section concernant les Services Départementaux d'Incendie et de Secours (SDIS) :

Le cabinet du ministre de l'intérieur était concerné par les événements à double titre : d'une part, en raison de la tutelle que le ministre exerce sur les services de sécurité civile - au premier rang desquels figurent les sapeurs-pompiers de Paris - et d'autre part, à cause de ses compétences en matière de réglementation des inhumations.

Lors de son audition, M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, a apporté la précision suivante : « On peut distinguer, du point de vue de mon ministère, deux périodes : celle du début du mois d'août jusqu'au 12, durant laquelle la crise sanitaire n'a pas été mesurée, puis, à compter du 12 août, une période durant laquelle les difficultés funéraires ont permis de prendre conscience de l'ampleur de la crise sanitaire. »


La suite nous éclaire sur la gestion de la crise du côté de la préfecture de Police et du ministère de l'Intérieur :

Dans le premier cas, les informations dont disposait le cabinet dépendaient étroitement des remontées d'informations des préfectures et du COGIC. Or, sur ce point, le préfet de police de Paris, l'un des préfets les plus concernés, a été parfaitement clair : « Le préfet de police - son directeur de cabinet en son absence - a un rendez-vous quotidien avec le ministre de l'intérieur ou son directeur de cabinet, vers 19 heures. Pendant la période du 8 au 12 août, j'étais remplacé par mon directeur de cabinet. C'est la raison pour laquelle vous avez le rapport de M. Michel Lalande, qui est mon directeur de cabinet. Le directeur de cabinet du ministre de l'intérieur était également absent du 8 au 12 août. Pendant cette période, mon collaborateur, Michel Lalande, effectuant mon intérim, se rendait tous les soirs chez le directeur adjoint du cabinet du ministre de l'intérieur, qui est M. Canepa. Tous les soirs, se tenait donc la réunion habituelle. (...) Je suis sincère en vous disant que jusqu'au 12 août, mon collaborateur m'a expliqué des choses tout à fait simples - de la même manière qu'il a dû le faire auprès de M. Canepa -, à savoir que l'on allait renforcer le dispositif d'intervention en raison de l'augmentation des malaises et faire appel à la Croix-Rouge. ». Ce n'est donc que le 12 août que le cabinet du ministre a eu connaissance d'éléments inquiétants. S'agissant de la gestion des corps des victimes, le cabinet du ministre a entrepris des démarches dès le 11 août pour évaluer les capacités de l'institut médico-légal de Paris, puis, le 13 août, instruction a été donnée aux préfets des départements de transmettre le nombre de décès recensés quotidiennement depuis fin juillet, avec des éléments de comparaison par rapport à l'année antérieure. Le 14 août, des dispositions étaient prises pour faciliter les inhumations et une nouvelle instruction était donnée aux préfectures pour indiquer au Gouvernement les établissements de leurs départements susceptibles de déclencher les plans blancs. Au total, le cabinet du ministre de l'intérieur s'est montré réactif mais, à l'instar des autres cabinets, dépendant des informations que les administrations étaient supposées lui fournir.


Pour mémoire, voici l'évolution du nombre d'interventions des sapeurs pompiers de Paris en août 2003 :

                                                                                                
     EVOLUTION DU NOMBRE D'INTERVENTIONS                                                        
     DES SAPEURS POMPIERS DE PARIS                                                              
     EN FAVEUR DE VICTIMES SUR LA VOIE PUBLIQUE                                                 
                                                                                                
                _______________________________________________________________                 
                |                  |Assistances à personnes|Secours à victimes|                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Vendredi 1er août |37                     |688               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Samedi 2 août     |53                     |613               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Dimanche 3 août   |42                     |597               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Lundi 4 août      |38                     |709               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Mardi 5 août      |77                     |743               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Mercredi 6 août   |71                     |820               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Jeudi 7 août      |87                     |917               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Vendredi 8 août   |70                     |1 000             |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Samedi 9 août     |73                     |899               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Dimanche 10 août  |72                     |863               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Lundi 11 août     |81                     |1 324             |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Mardi 12 août     |93                     |1 644             |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Mercredi 13 août  |92                     |1 366             |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Jeudi 14 août     |59                     |878               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Vendredi 15 août  |45                     |634               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Samedi 16 août    |70                     |642               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                |Dimanche 17 août  |50                     |582               |                 
                |__________________|_______________________|__________________|                 
                                                                                                
     Source : rapports quotidiens de la brigade des sapeurs pompiers de Paris.                  


Suite du rapport :

L'audition conjointe de ce général et du commandant Jacques Kerdoncuff, ancien officier de presse de la brigade, a permis à la commission d'acquérir la conviction que les sapeurs-pompiers parisiens prennent alors conscience du caractère anormal de la situation. Mais leurs signaux d'alarme, susceptibles d'éveiller l'attention des populations, ne seront pas exploités par les autorités en charge de la sécurité civile. Considérant que la brigade de sapeurs-pompiers de Paris n'a pas la mission ni les moyens de recenser avec fiabilité et de manière exhaustive les décès par hyperthermie, le chef de cabinet du préfet de police donnera pour consigne, le 8 août, à l'issue de deux appels téléphoniques passés à 17 heures 53 et 18 heures 07, d'« éviter une dramatisation inutile de la situation en évoquant directement un nombre incertain de 7 morts » et de « poursuivre, compte tenu du risque, et de manière répétée, le maximum de conseils de prévention »

Posted by Jean Ploi | Permanent Link | Categories: general