Pénurie de main d'œuvre :
les patrons d'auto-école ont du mal à trouver des moniteurs ou des
monitrices. C'est un beau métier, pourtant. Un métier utile
surtout : apprendre les règles de la sécurité routière aux
futurs conducteurs, ce n'est pas rien. Même avant que ladite
sécurité routière ait été consacrée priorité nationale.
Une bonne idée pour se reconvertir ?
Devenir enseignant de la conduite, n'est a priori, pas
insurmontable. L'examen d'entrée en formation est accessible au
niveau Brevet des Collèges. Le diplôme de fin de formation
(BEPECASER) , qui permet d'exercer, est homologué au niveau du bac.
La formation, d'une durée de cinq mois, est intensive. Il faut
s'accrocher, mais les groupes de stagiaires sont en général
conviviaux (les examens d'entrée et de fin de formation ne sont pas
des concours) et l'entraide est courante.
Pas, ou très rarement, de discrimination à l'embauche : les
employeurs sont en général trop contents de trouver un titulaire du
BEPECASER pour s'attarder sur son âge, son origine ethnique, son
sexe, sa situation familiale ou son handicap.
Un métier dur mais pas dépourvu d'attraits
Les conditions de travail sont éprouvantes en ce sens que les
leçons de conduite, qui représentent l'essentiel du travail,
demandent une concentration constante sur la conduite de
l'élève-conducteur, tout en gardant en permanence à l'esprit
l'objectif de la leçon. Le moniteur parle toute la journée, pas
forcément pour dire des choses passionnantes « tournez à
droite », « embrayez doucement ». Mais il a la
satisfaction de suivre les progrès des élèves et de les voir
réussir leur permis. Il peut envisager d'évoluer vers
l'enseignement de la conduite du groupe lourd (poids lourds et
transports en commun), ou de créer sa propre auto-école. La
répartition des horaires dans la semaine est fonction de la taille
de l'auto-école. S'il y a seulement un ou deux moniteurs, on risque
de travailler souvent en soirée, le temps de midi et les samedis.
Dans les entreprises plus importantes, il peut arriver qu'un ou
plusieurs collègues choisissent justement les horaires atypiques,
ce qui permet aux autres d'avoir un planning plus classique.
Le revers de la médaille
Deux points noirs, toutefois, qui expliquent sans doute la pénurie
de main d'œuvre. Les
salaires d'abord. À peine plus
que le SMIC ! La priorité nationale est bien mal rémunérée...
Et la rareté ne fait pas monter les tarifs : parmi les
professions indépendantes, les patrons d'auto-écoles sont,
globalement, parmi les plus mal payés eux-mêmes (de mémoire, ils
sont avant-derniers). La marge sur la leçon de conduite est très
faible. En cause, la concurrence acharnée depuis l'ordonnance de
1986. Le gouvernement Chirac, en pleine euphorie thatchérienne, a
libéralisé les prix de quantité de services dont celui de la leçon
de conduite. Pour faire la différence, les auto-écoles proposent
des forfaits de vingt leçons « au ras des paquerettes »
... tout en espérant que les élèves-clients (ou faut-il dire
élèves-cons-sommateurs ?) auront besoin d'un maximum de leçons
supplémentaires, facturées plus cher. Les élèves, bien sûr,
espèrent que les vingt leçons suffiront. Et le moniteur, lui, est
au milieu. C'est le second point noir : un enseignant trop
efficace fera perdre de l'argent à son patron. Parfait exemple
d'
injonctions contradictoires (
double-bind). Pas
facile à vivre au quotidien. Et de quoi décourager à plus ou moins
brève échéance les meilleures volontés de poursuivre dans ce
métier.