Mine de Morila : 9 syndicalistes en prison depuis
presque un an
En mars
dernier, je demandais aux lectrices et aux lecteurs de ce blog
de signer la pétition de soutien aux 9 syndicalistes de la mine de
Morila au Mali, exploitée par une filiale de Bouygues.
Le site
www.soutienmorila.info nous
donne des nouvelles : les 9 syndicalistes sont toujours en
prison. Il faut rappeler les circonstances de leur
arrestation :
Le 14 septembre 2005, à 3h50 du matin, deux bus loués
par la Somadex et garés à une dizaine de mètres de la gendarmerie
de Sanso brûlent. Cet incident se produit alors qu'un conflit
oppose depuis plusieurs mois le comité syndical et la direction de
la Somadex qui exploite la mine de Morila.
Le point d'orgue de ce conflit est une grève de 72h intervenue
début juillet 2005. Pendant tout l'été, le dialogue reste bloqué,
en dépit des tentatives de médiation des centrales syndicales et
des autorités politiques et administratives maliennes. 311 des
quelque 500 employés refusent de reprendre le travail et les
tensions qui existent entre les grévistes, les non grévistes et la
direction gagnent le village mitoyen de Sanso où résident les
travailleurs de la mine.
Dans les heures qui suivent l'incendie, les gendarmes procèdent à
32 interpellations pour complicité d'incendie volontaire. Tous les
inculpés sont des anciens grévistes, qui déclarent tous leur
innocence... [lire la
suite]
La photo ci-dessous montre la mine d'or de Morila. Cliquer sur
cette photo permettra d'en savoir plus sur les tenants et
aboutissants de ce conflit en accédant au site
Morila en
lutte
Envoyer des provocateurs allumer un incendie pour accuser ensuite
les meneurs de la grève d'en être les auteurs est un grand
classique. Quand le patron paie directement les gendarmes, il met
tous les atouts de son côté :
Par ailleurs, les liens entre la gendarmerie et la
Somadex sont pour le moins troublants. Dans le cadre du financement
des communautés locales dans lesquelles elle est implantée, Morila
S.A (entreprise pour laquelle la Somadex sous-traite l'extraction
du minerai) subventionne les salaires des gendarmes de Sanso. Et
les gendarmes reconnaissent, dans la description contextuelle de
leur enquête, qu'ils avaient reçu peu de temps auparavant une liste
d'une trentaine de « meneurs principaux » du mouvement de
contestation à surveiller étroitement. Cette liste leur avait été
fournie par la direction des ressources humaines de la
Somadex...
Auditionnés par le juge de paix du tribunal de Bougouni, 23 des 32
inculpés sont mis en liberté provisoire après un mois et six jours
de détention préventive. Selon les neuf autres inculpés, leur
maintien en détention s'expliquent par leur réputation de leaders
du mouvement de contestation. Ainsi, Mamadou Sogoba était chargé de
l'affichage des tracts syndicaux ; Adama Troaré accueillait chez
lui les rencontres du comité syndical ; Karim Guindo est secrétaire
administratif du comité syndical mais a déclaré ne pas avoir été
présent à Sanso le jour de l'incendie ; Oumar Touré, ancien mineur
licencié par l'entreprise, est resté proche du comité
syndical.
Une prise de position qui vaut son pesant d'or malien : la
réponse
de Bouygues à l'interrogation d'une internaute sur cette
affaire en novembre dernier.
Question : le ministre français de l'Intérieur, grand ami de Martin
Bouygues qui ne ménage pas ses efforts pour favoriser l'accès de
son protégé à la présidence de la république,
a
fait il y a quelques semaines un voyage au Mali. Quelqu'un
l'a-t-il entendu dénoncer cette saloperie ?
Sinon, est-ce parce qu'il est trop occupé à expulser des Maliens de
France pour fournir de la main d'œuvre à la Somadex et
remplacer ses 300 ex-salariés licenciés pour faits de
grève ?