Une fois de plus le gouvernement se
vante d'avoir fait reculer le chômage. Comment expliquer alors que
le nombre d'inscriptions sur la liste des demandeurs d'emploi soit
toujours aux alentours de 370.000 (CVS) par mois, avec une remontée
de mai à juin, comme le montre le
bulletin de
statistiques publiées par le ministère de l'Emploi pour juin
2006. ?
Les sorties des listes (pas forcément du chômage) progressent,
elles, de façon significative et dépassent maintenant les entrées,
ce qui aboutit, Monsieur de la Palice aurait pu le deviner, à une
réduction de l'effectif des demandeurs d'emploi
inscrits sur les
listes.
Notons que parmi les motifs de sortie des listes, les « autres
motifs » représentent 60 % ! À quoi correspondent ces autres
motifs ? Aux désormais fameuses
radiations administratives
(11,9 points) essentiellement pour absence à convocations, et aux
« absences au contrôle » (39,9 points) qui contrairement
à ce qu'on pourrait croire n'ont rien à voir avec les premières
puisqu'elles ne sont pas des sanctions mais traduisent simplement
le fait que la personne n'a pas actualisé sa demande d'emploi en
fin de mois (ce qu'on appelle couramment le non-pointage).
Les entrées en stage baissent de 13 % en un an et ne représentent
plus que 5 % des motifs de sortie.
Les sorties pour reprise d'emploi représentent un quart du total
des sorties des listes (25,3 %). La différence la plus notable
entre juin 2005 et juin 2006 est que les demandeurs d'emploi sont
désormais convoqués chaque mois auprès d'un conseiller ANPE pour un
entretien de 10 à 15 minutes. D'où une tendance plus grande à
annoncer qu'ils viennent de retrouver un emploi, là où il leur
suffisait auparavant de ne pas pointer en fin de mois pour mettre
un terme à leur inscription.
On notera qu'à chaque fois que deux chômeurs déclarent avoir
retrouvé du travail, un troisième est sanctionné avec interdiction
de se réinscrire pendant une période de quelques semaines à
quelques mois.
Enfin, on ne perdra pas de vue que ces statistiques très
officielles du ministère de l'Emploi ne concernent que les
demandeurs d'emploi à la recherche d'un CDI à temps plein,
disponibles immédiatement et n'ayant pas travaillé de façon
occasionnelle plus de 78 heures au cours du mois écoulé. Et qui
n'habitent pas les DOM-TOM.
Il n'empêche qu'en juin 2006 encore 332.515 personnes (données non
corrigées des variations saisonnières) ont demandé leur inscription
sur la liste des demandeurs d'emploi soit plus de 11.000 par jour,
samedis et dimanches compris. Et ceci avant la fin de l'année
scolaire, donc avant les vagues d'inscriptions des sortants du
lycée ou de la fac.
Le «
type
qui bosse » rue de Grenelle et son patron de Matignon
ont-ils vraiment de quoi être fiers ?